L’Organisation météorologique mondiale (OMM) valide deux nouveaux records mondiaux pour des éclairs de 2020 : celui de l’éclair le plus long couvrant une distance de plus de 760 km aux États-Unis, et celui de l’éclair à la plus longue durée (plus de 17 secondes) en Amérique du Sud. Les données de ces mégaéclairs ont été publiées mardi dans le Bulletin of the American Meteorological Society.

Les méga-flashs ou mégaéclairs ne se produisent pas dans les orages ordinaires. Ils nécessitent de vastes nuages ​​électrifiés, qui se déchargent à des taux suffisamment faibles pour faciliter des éclairs horizontaux uniques, couvrant des distances extraordinaires. Une lueur intense et brève forme alors une ligne sinueuse, se déplaçant d’un nuage électrifié à l’autre, presque instantanément.

Ces phénomènes extrêmes se forment plus particulièrement dans les Grandes Plaines en Amérique du Nord et le bassin de La Plata en Amérique du Sud, favorables aux systèmes de méso-échelle (phénomènes compris entre 2 km et 2000 km).

Des témoignages de la force de la nature

Le 29 avril 2020, un éclair a couvert une distance horizontale de 768 ± 8 km (477,2 ± 5 miles) entre le Texas et le Mississippi, soit la plus grande longueur jamais enregistrée pour un seul éclair. Cela équivaut à la distance entre Londres et Hambourg. Ce nouveau record est supérieur de 60 kilomètres au précédent, détenu par un méga-éclair de 709 ± 8 km (440,6 ± 5 miles) observé dans le sud du Brésil le 31 octobre 2018.

Le 18 juin 2020, au cours d’un orage au-dessus de l’Uruguay et du nord de l’Argentine, on a mesuré un éclair d’une durée de 17,102 ± 0,002 seconde, soit la plus longue durée jamais relevée pour un seul éclair. Le précédent record s’élevait à 16,73 secondes, soit 0,37 seconde de moins que le nouveau record, pour un éclair au nord de l’Argentine le 4 mars 2019.

Ces mesures ne sont qu’une estimation minimale pour l’étendue et la durée réelle de ces éclairs, les flashs réels peuvent dépasser ces valeurs acceptées. Ces deux éclairs ne sont pas des phénomènes isolés, mais produits au cours d’orages actifs. Les nuages ​​stratiformes deviennent électrifiés par une combinaison d’hydrométéores chargés (ensembles de gouttes d’eau ou de particules de glace en suspension dans l’air) advectés (déplacés par un mouvement quasi horizontal) du noyau de l’orage et de processus in situ résultant de collisions entre hydrométéores locaux.

Michael J. Peterson, auteur principal de l’analyse de certification et scientifique de l’atmosphère au Laboratoire national de Los Alamos, déclare dans un communiqué que « la foudre est un phénomène naturel étonnamment insaisissable et complexe pour son impact sur notre vie quotidienne ». C’est un enjeu de sécurité publique.

Progrès techniques et avancées scientifiques

Ces records témoignent certes des phénomènes extrêmes de la planète, mais également des récents progrès réalisés dans la cartographie des éclairs. Jusqu’à récemment, les éclairs étaient mesurés depuis le sol, rendant impossible l’identification de ces mégaéclairs. Il est nécessaire de dépasser ces limites dans le but d’obtenir une cartographie des éclairs qui couvre un domaine d’observation plus large.

C’est chose faite. Dorénavant, certains satellites embarquent des instruments géostationnaires de cartographie de la foudre comme le Geostationary Lightning Mapper (GLM) du satellite américain GOES-16/17 (GLM), satellite géostationnaire d’exploitation pour l’étude de l’environnement, permettant de surveiller en continu la foudre extrême au-dessus de l’hémisphère occidental jusqu’à 55° de latitude, soit jusqu’en Alaska !

Des instruments équivalents sont placés en orbite par l’Europe (l’imageur d’éclairs des satellites Meteosat troisième génération (MTG)) et par la Chine (l’imageur de cartographie de la foudre des satellites FY-4), qui fourniront une couverture quasi mondiale de tous les éclairs (tant intranuages que nuage-sol).

Selon le service météorologique national des États-Unis, au total, 441 211 344 décharges électriques atmosphériques ont été enregistrées dans le monde en 2020. Chaque année, environ 2000 personnes sont tuées par la foudre dans le monde.

L’Organisation météorologique mondiale recommande de suivre la règle des 30-30 : si le temps entre l’éclair et le tonnerre est inférieur à 30 secondes, restez à l’intérieur, et attendez 30 minutes après le dernier éclair observé pour reprendre les activités en plein air. Comme l’explique Ron Holle, spécialiste reconnu de la foudre et membre du Comité, « les seuls endroits sûrs sont les bâtiments de dimension suffisante dotés d’une installation électrique et d’une tuyauterie, et pas une plage ou un arrêt de bus. On est également bien protégé à l’intérieur d’un véhicule entièrement fermé au toit métallique, mais pas sur un quad ou une moto ».

Cette technologie et les données recueillies aideront les scientifiques à mieux comprendre toute la science de la foudre, et à répondre à des questions d’ingénierie et de sécurité.

 
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